Autour d’Eibon, lorsque le soleil décroît et que l’horizon se brouille sous la chaleur, on distingue parfois la silhouette lente et puissante d’un Luggabeast avançant dans un silence presque religieux.
Le pas est lourd mais régulier, comme si la créature connaissait chaque dune, chaque creux, chaque souffle de sable du désert de Sirrath. Les plaques de blindage frappées par la lumière du soir révèlent des teintes rouges profondes ou sable clair, signes de l’appartenance à tel ou tel clan Tusken.

Crédit photo : @Antoine CSUTOROS
Sur Savareen, un Luggabeast n’est jamais seulement une monture. C’est un compagnon de voyage, un protecteur, parfois même un confident pour les nomades qui passent des semaines entières à errer entre les crêtes mouvantes et les vestiges d’anciens comptoirs enfouis.
Les jeunes Tuskens apprennent très tôt à reconnaître les décorations accrochées aux harnais : une chaîne nouée raconte une allégeance ancienne, un morceau d’os blanchi évoque une victoire sur un prédateur, un tissu effiloché porte encore la poussière d’un long voyage entrepris par un ancêtre. Chaque détail murmure un morceau de mémoire.

Crédit photo : @Antoine CSUTOROS
Le cavalier Tusken, souvent drapé dans des étoffes battues par le vent, guide sa monture d’une simple pression de la main. Il sait que le Luggabeast, malgré son apparence mécanique, reste une créature sensible, méfiante envers les inconnus mais d’une loyauté indéfectible lorsqu’on prend soin d’elle.
Sur le chemin menant à Eibon, certains voyageurs racontent avoir vu ces bêtes contourner instinctivement les zones instables du désert, ou s’arrêter net à l’approche d’un danger. D’autres jurent qu’elles perçoivent les tempêtes avant qu’elles ne naissent.
Dans les rues sablonneuses de la ville, les marchands ont fini par s’habituer à leur présence. Les enfants tentent parfois d’approcher une monture attachée près d’un atelier, fascinés par l’œil bleu mécanique qui semble scruter les passants. Les plus anciens, eux, sourient : ils savent que cet œil a vu plus de routes, d’oasis et de secrets que bien des voyageurs de la région.

Crédit photo : @Antoine CSUTOROS
Ainsi va la vie à Eibon.
Sous la chaleur implacable et les nuits glacées, entre le vacarme du spatioport et le silence infini du désert, les Luggabeast continuent d’avancer.
Ils portent sur leur dos les outils, les histoires et les espoirs des clans qui les guident.
Et quand on les voit passer, on comprend que dans ce monde rude et magnifique, chaque pas qu’ils tracent dans le sable raconte un peu l’âme de Savareen.



